Page:LeMay - Fêtes et corvées, 1898.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

80
FANTÔME

— C’est le petit Antoine Beaudot, celui ci. On le connaît ; il sert la messe tous les dimanches. Mais l’autre… l’autre… qui peut-il être ? On dirait que c’est Jean-Paul… Jean-Paul enfant de chœur. Vous vous en souvenez ?

Mathias lui-même, comme pris de vertige, se mit à parler à sa future.

— Quel est ce petit servant ? Comme il ressemble à ton frère !… Tu dois savoir son nom… Je ne le remets pas, moi…

La fiancée eut envie de pleurer ; cela lui aurait fait du bien. Elle s’efforça de sourire. Le prêtre recommença :

— Joséphine Duvallon, prenez-vous Mathias Padrol, qui est ici présent, pour votre futur et légitime époux ?

Elle n’eut pas davantage le temps de répondre. Une voix lugubre qui sortait comme d’une tombe répéta :

— Non !

Cette fois il passa un frisson de terreur sur la foule attentive et il se fit un silence qui avait quelque chose d’effrayant. Le curé ne dit rien. Il croyait toujours à un mauvais plaisant. Un ventriloque peut-être, qui se cachait dans l’assemblée pieuse, et bravait,