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FANTÔME

tions exigées par la discipline de l’Église. On savait que Mathias avait de l’argent et qu’il aimait à trancher du grand.

Les invités à la noce étaient nombreux. Le père Duvallon se serait bien donné garde d’oublier un parent ou un ami. Il n’aurait voulu froisser personne, d’abord ; puis, il aimait bien s’amuser un brin. Mathias et les siens, un peu vaniteux, auraient préféré trier les convives. Ils durent cependant ouvrir grande la porte, pour ne pas déplaire au père Duvallon. Et puis, ça n’arriverait toujours qu’une fois.

Le matin était un peu froid, mais les chemins étincelaient comme des ceintures diamantées sous les reflets d’un beau soleil d’avril. Le soleil, un jour de mariage, semble un gage de bonheur. L’union sera sans nuages.

Une longue file de voitures se dirigea vers l’église. On entendait de loin la gaie musique des sonnettes argentines et des grelots sonores. De loin on voyait glisser sur l’éclatant tapis de neige les profils sombres des chevaux et des « carrioles. »

Les cloches voulurent être de la fête, et quand la noce franchit le seuil de l’église, elles jetèrent dans le ciel limpide les éclats joyeux de leurs grosses voix d’airain.