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FÊTES ET CORVÉES

Ce jour-là, l’enfant l’attend avec impatience ; il le voit dans ses rêves ; il l’appelle de toutes les forces de sa jeune âme. Il ne sait pourquoi, mais il sait bien que les bonbons pleuvent dans ses mains, comme les baisers sur son front ; il sait bien que l’indulgence des parents est plus grande, l’amitié des petits frères et des petites sœurs, plus douce que jamais. Ce jour est un événement heureux dans sa jeune existence, et, le soir, quand le charme se dissipe avec la nuit qui vient, sa naïve imagination cherche déjà, dans les brumes de l’avenir, l’autre jour de l’an.

Pour nous qui ne sommes plus, depuis tant d’années, des enfants, ou, du moins, des petits enfants, le jour de l’an est aussi un jour de réjouissance. Nous serrons alors avec plus de chaleur la main aux amis ; les sentiments généreux débordent de nos âmes, et — pour que nul nuage ne projette son ombre sur la sérénité des heures nouvelles — la haine ou le ressentiment se taisent.

Nous mesurons le chemin parcouru, et, tout en éprouvant une véritable satisfaction, nous sentons peut-être une larme à notre paupière, à la vue des lieux ensoleillés que nous avons laissés derrière nous. Les vieillards, — plus