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FANTÔME

immédiatement à terre, et j’attendis, dans une terreur que je ne saurais peindre et en conjurant le ciel de me prendre en pitié, l’arrivée de la bande cruelle. Je m’imaginais que mes compagnons, poussés par l’instinct plutôt que guidés par la réflexion, se sauveraient aussi loin que possible et seraient en conséquence observés plus longtemps. J’avais raisonné juste. J’aurais voulu retenir Jean-Paul, mais il était déjà loin.

Au bout de quelques instants j’entendis le galop des coursiers. Il produisait un grondement sourd comme le tonnerre qui roule, et le sol frémissait sous mes membres immobiles. L’ardente chevauchée approchait. Elle approchait en poussant des clameurs féroces. Soudain je me vis enveloppé d’un nuage horrible. Une sueur froide m’inonda et je me pris à trembler comme dans la fièvre.

Elle courait toujours. Elle s’éloignait. Je n’avais pas été vu. Le bruit infernal allait mourant. Mais voici qu’un hurlement nouveau remplit les airs, un hurlement de joie. Mes compagnons avaient été découverts, sans doute ; quelques-uns d’entre eux, du moins. Je n’osais pas remuer, de crainte de me trahir,