Page:LeMay - Fêtes et corvées, 1898.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

67
FANTÔME

recherche d’une caravane ou fuyant après un pillage.

Les ombres grandissaient en se détachant de l’horizon de feu. La troupe se dirigeait sur nous. Était-ce hasard ? Nous avait-elle aperçus ? Impossible de fuir ; nous n’avions pas de montures, et les coursiers sauvages venaient comme le vent. Nous étions cinq, les Indiens paraissaient une cinquantaine. Et puis, ces hommes-là sont d’une adresse incroyable. Debout sur leurs chevaux au galop, ils lancent le lasso qui étrangle, la flèche qui transperce ou la balle qui foudroie.

Nous eûmes un moment d’angoisse extrême et nous nous dîmes adieu.

Jean-Paul s’écria :

— Si je meurs, si vous vous sauvez…

— Jean-Paul ! firent ensemble les Duvallon, stupéfaits.

— Il est donc mort ! s’écria la mère d’une voix brisée par le désespoir.

Mathias, pourquoi nous avoir caché cela ? reprocha Joséphine, en laissant tomber sur sa main sa figure inondée de larmes.

Le père Duvallon se leva de table et se prit à marcher à grands pas. Il murmurait :