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FANTÔME

après les chansons, Mathias fut prié de raconter quelque chose. Il parla de son retour.

Ils étaient partis plusieurs ensemble pour revenir au pays. Ils avaient traversé les montagnes et les prairies, armés comme pour la guerre, car les sauvages qui errent dans ces contrées lointaines sont traîtres et féroces. Ils avaient marché par des sentiers ardus, le long des ravins ténébreux, au-dessus des précipices où grondaient des torrents invisibles. Ils avaient escaladé des rochers abrupts calcinés par le soleil. Grâce à leur connaissance de la forêt, à leur prudence, à l’ombre des arbres touffus, ils traversèrent heureusement la chaîne des Rocheuses, et descendirent dans l’immense prairie qui s’étend comme un océan sans limites vers le soleil levant. Désormais il fallait marcher à ciel ouvert. Plus de savane, plus de rochers, plus de ravins pour les protéger. S’ils étaient aperçus par les Indiens ils seraient attaqués, et, s’ils étaient attaqués, pourraient-ils se défendre avec succès et sauver leur vie ?

Ils cheminaient à grands pas dans le foin