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FANTÔME

branches odorantes, prenait les clartés douces d’un brouillard au lever du soleil.

Au travail succéda le plaisir, un plaisir fait de danses qui roulaient comme des tourbillons, de chansons lancées à plein gosier, de causeries jetées par bribes d’un bout à l’autre de la salle.

Cependant, retirés dans un coin de la pièce, assis sur un coffre peint en bleu, près du lit de « parade, » dont les rideaux de toile tombaient jusques à terre, Mathias et Joséphine avaient longtemps parlé tout bas, comme des amoureux qui ont peur d’ébruiter leur secret. Albert Dupuis, le menuisier qui avait bâti la maison du père Duvallon, un honnête homme et un bon ouvrier, avait jeté souvent de leur côté un regard inquiet et jaloux. Depuis longtemps il aimait la jeune fille en silence et avec discrétion. Maintenant il regrettait de ne pas lui en avoir « parlé » plus tôt. Le premier est toujours le premier.

Il faut se reposer de la danse et des jeux comme on s’était reposé du travail. Il fallut calmer la faim qu’avaient aiguisée l’exercice et la gaieté. Le réveillon survint. Il fut accueilli avec enthousiasme. Au dessert,