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FANTÔME

Maintenant l’heure du repos sonnait. Il allait jouir en paix du fruit de ses labeurs ; il se promettait une longue existence de plaisirs.

Bien des jeunes gens lui portaient envie et regrettaient de ne l’avoir pas suivi au pays de l’or. Ils ne songeaient pas aux autres qui n’étaient point revenus, à Casimir Pérusse, à Robert Dulac, à Jean-Paul Duvallon, le frère de Joséphine, la sage petite écolière d’antan.

Oui, ce Mathias Padrol, il faisait bien des jaloux.

Le lendemain de son arrivée on était venu le voir d’une lieue à la ronde. La maison s’était remplie. On avait ouvert la chambre de compagnie comme pour le curé, et c’est là qu’on était venu lui serrer la main d’abord ; mais bientôt les fumeurs avaient fait irruption dans la cuisine, et les femmes s’étaient groupées un peu partout. Il fallait bien le voir et l’entendre. Lui, il passait d’une pièce à l’autre, fier de cet empressement, agitant la grosse breloque d’or qui pendait à sa chaîne de montre, et montrant comme par hasard l’énorme chaton qui lui embarrassait les doigts.