Page:LeMay - Fêtes et corvées, 1898.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.


FANTÔME


Son cœur était pris. À la vérité, elle ne l’avait pas défendu, car elle voulait un maître, et elle se sentait faite pour la servitude, la douce servitude des âmes tendres, qui portent comme un trophée les chaînes de l’amour, et comme un diadème la couronne d’épines des épreuves.

Ce n’était pas dans les enivrantes fêtes du monde qu’elle l’avait rencontré. La lumière un peu aveuglante des candélabres dorés n’avait jamais enveloppé, de son chaud rayonnement, la tête un peu mutine de cette libre fille des champs. Mais le cœur se réveille aussi bien dans le calme endormeur de la vallée que sur les cimes bruyantes qui regardent le ciel ; et les amitiés qui naissent au soleil de la prairie ou sous la ramure parfumée, gardent toujours quelque chose de leur suavité première.

Ensemble, aux jours de leur enfance, ils avaient fréquenté l’école du village. Elle, plus jeune et plus studieuse, lui, moins adonné