qui fait sécher le lin — la chauffeuse, comme une vestale antique, entretient, sous l’échafaud, le feu qui ne doit s’éteindre qu’avec la journée. L’échafaud est une espèce d’échelle très-large et peu longue appuyée sur quatre bâtons fixés en terre. Et sur cette échelle dont les barreaux sont simplement jetés en travers, sans être arrêtés, le lin est étendu en couches peu épaisses. Il faut que le lin soit bien sec pour se casser ainsi en milliers de parcelles sous les bois de l’instrument. La chauffeuse doit donc être attentive, et ne pas laisser la flamme s’endormir ; mais il faut qu’elle soit prudente aussi, et qu’elle ne risque pas de tout brûler le lin sous le prétexte de le faire bien sécher. Quand la flamme trop ardente, monte, monte, et va lécher l’échafaud, la plante fibreuse s’embrase, l’échafaud tremble, le feu bourdonne, la chauffeuse lève les bras au ciel, les braies se taisent, et un cri éclate : la grillade ! la grillade !…
Quand les journées de corvées sont finies, qu’il n’y a plus une botte de lin dans la grange, mais qu’il y a cent cordons de filasse au grenier et maintes bottes d’étoupe au hangard, on songe à payer les brayeurs, et l’on organise