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FÊTES ET CORVÉES

comme les individus gais ou frivoles, sont rarement susceptibles de grandes passions.

Le souvenir de la grosse gerbe commence à s’effacer déjà, car nos cœurs sont inconstants, et nous avons à peine goûté un plaisir que nous en cherchons un autre. Quand les champs sont nus, et que les bêtes à cornes ont été envoyées dans les chaumes, on reporte ses regards sur les jardins et l’on cherche les planches de blé-d’Inde, car, une belle plantation de blé-d’Inde, c’est le gage d’une joyeuse épluchette. Plusieurs de mes lecteurs, n’ont pas eu, sans doute, la bonne fortune d’aller aux épluchettes, et ne connaissent pas les douces émotions que fait naître dans le cœur de l’heureux éplucheur qui le trouve, un épi de blé-d’Inde rouge. Moi je puis vous parler sciemment de ces choses… quorum pars magna fui, dirai-je avec le poète latin. Mais, d’abord, je me hâte de déclarer qu’épluchette est un mot tout-à-fait canadien de même qu’éplucheur, dans le sens que je lui donne ici. Il faut que je sois précis, car la critique a les dents pointues.

Une pyramide de blé-d’Inde a surgi comme par enchantement au milieu de la salle, disons plutôt de la cuisine, — car chez nous les habi-