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FÊTES ET CORVÉES

dant que le bûcher élève ses flammes dans l’air, les jeunes gens se jettent à la mer pour s’y asperger réciproquement, ce qui figure pour eux le baptême du Jourdain. À Vitrolles, les habitants vont prendre, dans la même circonstance, un bain qui doit les préserver de la fièvre pendant toute l’année. » Ici même l’on se précipite, dès avant le lever du soleil, dans les flots d’émeraude de notre grand fleuve, avec une pensée moins condamnable bien qu’entachée aussi de superstition. On ne sait pourquoi, mais l’on attend de cette immersion des effets merveilleux.

Mais, un jour, en 1834, à l’inspiration d’un noble citoyen de Montréal, M. Ludger Duvernay, la Saint-Jean s’est transformée en une fête nationale et religieuse ; elle est devenue, sous le nom glorieux de Saint-Jean-Baptiste, l’expression heureuse, forte admirable des sentiments d’amour et de foi, de patriotisme et de religion du Canadien-français. Allez dans toutes les villes, dans les villages, dans les campagnes, et vous verrez comme le peuple se réveille ce jour-là, et comme il parle haut de ses affections sacrées et de ses croyances indestructibles. Les maisons prennent un air de fête inaccoutumée ; les citoyens circulent,