Page:LeMay - Fêtes et corvées, 1898.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

21
FÊTES ET CORVÉES

Sans aucun doute, il y a là une superstition religieuse, et ce sacrifice du mannequin doit représenter le sacrifice des plaisirs et des amusements. On veut faire comprendre que le temps de pénitence est arrivé, et qu’il faut chasser le souvenir des distractions mondaines. Il faut dépouiller le vieil homme.

Les paysans de Bohême sacrifient, eux, un instrument de musique. Cela, en effet, parle éloquemment à l’esprit. Ils brisent d’ordinaire, une vieille basse, l’enveloppent dans un drap blanc et la portent en terre en s’éclairant de lanternes et en chantent des chants funèbres.

On trouve encore dans la Normandie, bien des personnes qui croient que le diable a le pouvoir et la permission d’enlever ceux qui se déguisent et se masquent, même en temps de carnaval, et ces naïfs paysans se donnent bien garde de faire la mascarade.

Ici, dans certains villages éloignés, on retrouve aussi la même croyance. Rien d’étonnant en cela, puisque nous descendons, pour un grand nombre, de ces rusés Normands. Quand j’étais jeune je me déguisais quelquefois et me couvrais d’un masque — chose que je ne fais pas maintenant, mais que bien des