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FÊTES ET CORVÉES

des gaillards qui chantent un peu trop fort et un peu trop souvent. Ils croient que l’on chante d’autant mieux que l’on chante haut, et, comme ils supposent qu’on aime à les entendre, ils n’aiment pas à nous fâcher. Mais enfin les voix se fatiguent, les refrains deviennent plus courts ou plus rares, et, finalement, il arrive un moment où le dernier chorus est bien le dernier. Alors on se disperse pour se réunir de nouveau autour des tables à cartes ou au son du violon. Et jusqu’à minuit sonnant, c’est un entraînement irrésistible, une véritable fureur de plaisirs.

Mais le trait caractéristique du carnaval, c’est la mascarade. Et pourtant la mascarade elle-même tombe en désuétude. Elle ne se fait plus que le mardi gras.

Autrefois un homme sérieux et une femme non moins sérieuse s’affublaient d’un masque aussi grotesque que possible et de vêtements bizarres. L’homme s’enveloppait de jupes, la femme enfourchait la culotte — et, conduits par un cocher à l’air mystérieux, ils allaient de porte en porte, buvant, mangeant et dansant mieux que les autres, au grand plaisir de la foule. Souvent, des curieux parvenaient à soulever un masque, et alors, derrière la vilai-