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FÊTES ET CORVÉES

Oui, quoiqu’il arrive, au jeu de cartes comme aux autres jeux, quand deux personnes sont coupables, c’est toujours la faute de l’autre.

Mais voici que sur des chevalets on couche des planches, et que sur ces planches on étend des nappes, et que sur ces nappes on place des assiettes et des plats, des verres et des carafes !… Et la senteur du ragoût monte jusqu’au plafond ; et le fumet des pâtés à la viande et aux pommes fait passer des frissons dans l’estomac des gourmands ; et les volailles rôties qui dorment — richement dorées par la braise — leur dernier sommeil, dans les plats de faïence bleue, attirent fatalement plus d’un œil de convoitise ! Les soupers sont joyeux à la campagne, car il n’y a pas de gêne — et là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, vous le savez. — Les soupers du mardi gras surtout sont joyeux et longs. On voudrait voler quelque chose au carême. Puis quand l’appétit est un peu plus que satisfait, et la soif, joliment plus qu’assouvie, on chante au lieu de faire des discours. À mon avis c’est bien plus gai, et bien plus raisonnable aussi, parce que cela aide la digestion ; seulement il se trouve