Page:LeMay - Fêtes et corvées, 1898.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

15
FÊTES ET CORVÉES

Ces préludes font courir une effluve de volupté dans la salle ; les cœurs tressautent et les visages s’illuminent. L’archet, — que la résine a rendu agaçant — commence à se promener légèrement de la chantrelle à la grosse corde, en caressant la seconde et la troisième, comme pour essayer ses forces, puis, tout-à-coup, il entame le reel à quatre vif et entraînant. Alors galants et amoureux se cherchent et se trouvent. On danse pour le plaisir de danser, mais que la danse est agréable avec ceux que l’on aime !

Aux reels succède la gigue, la plus difficile, la plus belle, et la plus honnête des danses, à mon avis. Puis viennent les cotillons alertes avec leurs chaînes capricieuses, les oiseaux, les Sir Roger — qu’on appelait tout bonnement de mon temps et dans mon village — rénegeurs ! Et puis encore, les quadrilles gracieux avec leurs marches et leurs contre marches mesurées, les lanciers compliqués et brillants et les caledonias tapageurs. Et puis encore quelquefois, pour les vieillards qui aiment à nous donner une leçon de grâces… corporelles, le menuet précieux et mignard, avec ses salutations incessantes et ses gestes doucereux. Et toujours l’instrument résonne ! et toujours les