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FÊTES ET CORVÉES

Le carême, voyez-vous, arrive pâle et décharné : on ferme les yeux pour ne pas le voir. Et pourtant notre carême à nous, quel bonhomme de carême en comparaison de celui de nos pères ! Mais pardon ! j’oublie que le carême n’est pas une fête populaire.

Nous sommes donc aux jours gras. Entendez-vous le trot mesuré des chevaux, les vibrations argentines des sonnettes, les silements des lisses d’acier sur la neige ? Entendez-vous les rires à demi-étouffés sous les robes de carrioles ? Tout le jour et dans toutes les routes, les voitures circulent. Ce sont les amis qui vont souper chez les amis, les parents qui visitent les parents. Tout le monde sort ou reçoit. Comme ce diable d’Asmodée, enlevons les toits et laissons pénétrer nos regards dans l’une de nos maisons ; par celle que nous verrons, jugeons les autres. C’est fait. La maison que nous avons décalottée est celle d’un bon habitant. Elle est grande et arbore deux pignons rouges. Notre habitant aime le plaisir et le petit coup ; il est généreux, honnête, hospitalier, et — pardessus tout — marguillier en charge. Les invités arrivent : Ils sont quarante de leur bande. Vieux et jeunes,