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évangéline

Cependant le jour fuit ; un autre, un autre encore !
Au coucher du dernier pas plus qu’à son aurore
Ils n’ont pu découvrir la trace du fuyard.
Ils ont en vain couru, longtemps, de toute part,
Les fleuves, les forêts, les lacs et leurs rivages :
Et, pour franchir ainsi ces régions sauvages,
La vierge défaillante et les vaillants rameurs
N’ont eu pour se guider que de vagues rumeurs.
Mais toujours sur les flots le léger canot vole.
Ils arrivent enfin dans la ville espagnole
Où Gabriel devait acheter des mulets.
Le jour dorait le ciel de ses derniers reflets.
Ils descendent, lassés, dans la première auberge.
Loquace et babillard l’hôte qui les héberge
Leur raconte, aussitôt, que, la veille au matin,
Un jeune homme du sud : œil noir, cheveux châtain,
Front noble et soucieux, regard plein de finesse,
Un jeune homme appelé Gabriel Lajeunesse,
Était parti du bourg avec ses compagnons
Pour courir la prairie et chasser les bisons.


IV




Bien loin à l’occident sont d’immenses campagnes.
Désertes régions où de hautes montagnes
Élèvent vers le ciel leurs sommets recouverts,
Sous le souffle glacé des éternels hivers,
D’une neige éclatante et d’une glace épaisse.
De place en place, un roc se déchire et s’affaisse