Page:LeMay - Essais poétiques, 1865.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
ÉVANGÉLINE

Échangèrent entre eux des vœux doux et sincères :
Partout, il est bien vrai, les malheureux sont frères.


Un son mélodieux, une vibration
Suspendit, tout à coup, la conversation.
Michel, le troubadour, aux longs cheveux de neige
Et les gais jeunes gens qui lui faisaient cortège,
Venaient de s’assembler dans un autre salon,
Et le barde accordait son vibrant violon.
Bientôt les pieds brûlants frémissent en cadence :
Sous les lambris de cèdre une légère danse
Fait gaîment onduler ses orbes gracieux.
Un éclair de plaisir inonde tous les yeux ;
Un sourire charmant sur les lèvres se joue ;
Un brillant incarnat colore chaque joue ;
On chuchotte, en riant, des mots pleins de douceur ;
La main presse la main et le cœur parle au cœur !


La danse, sans repos, faisait vibrer la dalle.
Assis à l’un des bouts de la bruyante salle
Basile et le pasteur parlaient, les yeux baissés,
De leur ami Benoît qui les avait laissés ;
Tandis qu’Évangéline, en proie aux rêveries,
Promenait ses regards sur le sein des prairies.
Bien de tristes pensées et de chastes désirs
S’éveillaient dans son âme au bruit de ces plaisirs !