Page:LeMay - Essais poétiques, 1865.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
évangéline

PREMIÈRE PARTIE

I



Sous le ciel d’Acadie, au fond d’un joli val,
Et non loin des bosquets qui bordent le cristal
Que déroule, tantôt sous les froides bruines,
Tantôt sous le soleil, le grand Bassin des Mines,
On aperçoit encor, paisible, retiré,
Et loin de ce qu’il fut le hameau de Grand Pré.
Du côté du levant de beaux champs de verdure
Offraient à cent troupeaux une grasse pâture
Et donnèrent jadis au village son nom.
Pour arrêter les flots, le vigilant colon,
À force de travail et de rudes fatigues,
Éleva de ses mains de gigantesques digues ;
Puis, à des temps marqués, on voyait s’entr’ouvrir
Des portes où la mer s’élançait pour courir
Sur le duvet des prés devenus son domaine.
Au couchant, au midi, jusqu’au loin dans la plaine