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AU LECTEUR.

tune poursuit de ses rigueurs : les tableaux sombres et pénibles troublent leur félicité ; la pensée de la mort leur donne le vertige : qu’ils me pardonnent, ceux-là, d’avoir moins cherché à leur plaire. Ils ont tant de moyens de se procurer des jouissances et d’embellir leur vie !

Ce n’est pas l’espérance d’un gain pécuniaire qui m’a amené à publier ce livre. L’exemple de mon ami et confrère en poésie, M. Fréchette, est là pour m’avertir. C’est un joli petit recueil de vers que « Mes Loisirs ; » cependant l’auteur a-t-il rencontré les déboursés qu’il a faits pour le publier ?

Je sais bien que dans notre jeune pays on n’est guère épris de la lecture, ce pain de l’intelligence ; et si l’on veut lire un livre on l’emprunte de son ami plutôt que d’en offrir le prix au malheureux qui a sué sang et eau pour l’écrire.

Toutefois je dois avouer que les pièces de vers que j’ai publiées ont été accueillies avec bien de la faveur : quelquefois même avec une indulgence et une sympathie étonnantes. Mais, Dieu merci, j’ai eu le soin de ne pas m’aveugler trop profondément ; et j’ai reconnu plusieurs défauts dans un bon nombre de mes vers, et j’ai remis mon ouvrage sur le métier, selon le précepte du grand critique, et l’ai repoli de nouveau.

La moitié du livre que je publie aujourd’hui se compose de morceaux inédits. Évangéline, voilà surtout l’ouvrage avec lequel je me présente devant le monde