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découverte

Trois cygnes gracieux ; ainsi les trois vaisseaux
Déjà bien loin du port se bercent sur les eaux.
L’onde amère à leur proue étincelle et bouillonne,
Comme au mors d’un coursier que le fouet aiguillonne
Brille un flocon d’écume. Attentifs et muets,
Le cœur livré peut-être à de tardifs regrets,
Les matelots, debout, sont tournés vers la grève
Qui disparaît sous l’onde et s’enfuit comme un rêve.
Les coteaux à leurs yeux abaissent leurs sommets,
Les élégants clochers éteignent leurs reflets,
Et les prés verdissants leur charmante nuance.
Déjà dans le lointain les rives de la France
Semblent ne former plus qu’un flexible cordon
Qui ceinture les flots au bord de l’horizon.
Ainsi nous voyons fuir avec trop de vitesse
Les rivages fleuris de l’heureuse jeunesse !
Nous voguons nous aussi vers des bords inconnus :
Heureux ceux que l’espoir a toujours soutenus !