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LE BAISER FATAL

fraîche et l’avoine réchauffante, mais il ne les entendait plus !

Henriette la folle ne venait plus qu’à de rares intervalles dans la maison de son ancien promis. Elle se souvenait peut-être d’une grande joie ; elle avait gardé, bien sûr, le souvenir d’une grande douleur. Au reste, la femme de Célestin ne la recevait plus comme autrefois ; elle la traitait même un peu rudement.

* * *

Un soir du mois de septembre, un de ces beaux soirs d’automne qui gardent tard les doux effluves d’une journée chaude et les lueurs merveilleuses du soleil disparu, il y avait chez Célestin Graindamour une de ces tapageuses « épluchettes, » dont le souvenir réjouit encore ma mémoire fatiguée.

Les voisins étaient venus, les voisins et les amis. On vidait le petit verre, on mangeait les épis rôtis à la braise ou bouillis dans l’eau, à plein chaudron. Les