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LE BAISER FATAL

maintenant… Me voici réveillée, tout à fait réveillée… Je ne dors plus…

Elle porta ses regards autour de la chambre et parut tomber dans un étonnement nouveau.

— Où sommes-nous ? s’écria-t-elle tout à coup. Nous ne sommes pas chez nous !… Et, cette femme qui nous regarde, qui est-elle ? … Viens ! allons-nous-en… je ne me sens pas bien dans cette maison étrangère… Tu ne me réponds rien… Qu’as-tu donc ?… Comme te voilà changé !… Ce n’est plus toi, Célestin. On dirait un vieillard !… Tu étais jeune, il y a une minute, jeune et beau !… Reprends donc ta jeunesse, nous sommes au jour de notre mariage… Tu pleures ?… Pourquoi ?… Vais-je retomber dans mon sommeil affreux ?… Est-ce la mort ? est-ce la folie ?… Mon Dieu ! ayez pitié de moi !

Elle s’affaissa sur le plancher, aux pieds de Célestin.

Et la femme de mon ami ne riait plus. Elle ne riait plus, mais de grosses larmes roulaient dans ses yeux.