Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/595

Cette page a été validée par deux contributeurs.
551
UN RÊVE

nations plus grandes. Nous aurons notre heure.

Et je vis, comme à demi perdus encore dans une brume lointaine, des groupes nouveaux qui célébraient les sciences, les découvertes, la marche de l’humanité. Les uns vantaient les révolutions qui guérissent les sociétés par le fer et le feu, comme le chirurgien fait d’un membre gangrené ; les autres regrettaient les âges glorieux, où les grands capitaines donnaient à leurs souverains des royaumes et des esclaves. Ceux-ci demandaient des jours de paix et des chefs sans ambition, afin de laisser le laboureur à sa charrue et le savant à ses livres ; ceux-là s’imaginaient qu’un jour, sur la terre, il n’y aurait qu’un peuple, qu’une langue et qu’une religion. D’autres, plus curieux et plus audacieux, se promettaient de voir bientôt ce qui se passe chez nos voisins de l’infini.

J’aurais voulu m’attarder plus longtemps, désireux de m’instruire, et de mieux connaître les hommes au milieu desquels