Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/593

Cette page a été validée par deux contributeurs.
549
UN RÊVE

humble d’entre nous, la conscience nue… Tous avez deviné Hugo.

J’éprouvais une indicible émotion. Il me semblait que j’allais entendre, comme un écho mélodieux de l’autre vie, quelques-uns des vers immortels de ces immortels auteurs.

Ce fut Musset qui jeta d’un air un peu narquois, comme pour s’excuser de n’avoir guère cru, d’avoir beaucoup aimé l’alcôve et le vin, cette strophe joliment philosophique sous son costume badin :

L’Âme et le corps, hélas ! ils iront deux à deux.
Tant que le monde ira, pas à pas, côte à côte,
Comme s’en vont les vers classiques et les bœufs,
L’un disant : tu fais mal !… et l’autre : c’est ta faute !

Pauvre Musset ! mort si jeune par la faute de son âme et de son corps… Pauvre Musset ! l’un des plus grands déjà, et le plus grand de tous, peut-être, s’il eût voulu…

Je vis un peu à l’écart, sur des tablettes encore modestement garnies, des noms chers à notre jeune patrie. Tout à coup plusieurs volumes, des petits encore