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UN RÊVE

en des stances merveilleuses, un écho des alléluias célestes et des infernales imprécations. Et ces strophes inspirées que le génie de chaque langue avait burinées pour les temps futurs, ces strophes montaient sans se confondre, douces ou sévères, gracieuses, souples, ondoyantes comme un tapis d’avoine blonde, ou sombres et désolées comme des temples en ruine.

Je marchais toujours. Je ne sais quelle fatalité m’entraînait ; j’aurais voulu m’arrêter, écouter religieusement ces poèmes divins ; impossible.

Mais d’autres chants, s’élevaient, d’autres chants ou d’autres récits. J’entendis ces vers que vous reconnaîtrez bien ; mais ce que vous ne saurez jamais, c’est l’accent plein de douleur et de colère du vieux Corneille.

…Pleurez l’irréparable affront
Que sa fuite honteuse imprime à votre front ;
Pleurez le déshonneur de toute notre race
Et l’opprobre éternel qu’il laisse au nom d’Horace !