Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/586

Cette page a été validée par deux contributeurs.
540
UN RÊVE

bibliothèque, où plus d’un vénérable bouquin portait, sur son vêtement de cuir gaufré, une croix d’or.

Voici les vrais sages, me dis-je, il doit être consolant de les entendre.

Quelques voix s’élevèrent, graves et puissantes, et, par curiosité ou par respect, les autres gardèrent un silence momentané. C’était Cicéron qui s’écriait :

— En écartant la superstition, conservons la religion inaltérable.

À quoi l’abbé Prévost répondait :

— C’est prendre une mauvaise voie, pour arriver à quelque chose de certain en matière de religion, que de chercher des démonstrations et des preuves. Les plus grands esprits ne sont pas communément les meilleurs chrétiens. La foi demande de la simplicité et de la soumission.

Puis il ajoutait après un moment :

— La religion n’apprend pas qu’il soit facile de vaincre les passions qu’elle condamne ; mais elle offre, à tous moments, des secours qui peuvent assurer la victoire.