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UN RÊVE

Je me mordis les lèvres jusqu’au sang. Nous allions nous éloigner quand un autre livre, un livre portant couvert violet marqué d’une croix d’or, s’ouvrit à son tour. La page qu’il montrait était souillée d’une large tache de sang. Il disait :

— Le jour où un évêque prêchera une politique, même raisonnable, sa parole deviendra un objet de contradiction, et sa personne un objet de haine et de dédain. J’étais presque scandalisé.

— Voilà un fier impie, remarquai-je.

— C’est un martyr, répliqua mon protecteur en me jetant un regard de pitié, c’est Monseigneur Affre, archevêque de Paris.

Alors il se fit un bruissement semblable à celui qu’auraient produit des feuilles vivement tournées.

— Le prince de Talleyrand, ajouta mon compagnon : écoutons ce qu’il va dire.

Aussitôt nous entendîmes :

— Les diplomates ne se fâchent pas, ils prennent des notes.