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UN RÊVE

Un loustic juché haut lança ce proverbe :

— L’amour apprend les ânes à danser.

Mon Mentor, redoutant sans doute les suites de cette causerie, à cause de mon inexpérience et de ma curiosité, m’invita à marcher encore. Je m’éloignai avec peine, à pas lents et l’oreille grande ouverte aux échos de l’amour.

— C’est ici, me dit-il, en me montrant des centaines de volumes, au dos uniforme, c’est ici l’arsenal politique. Ici les candidats passés, présents et futurs viennent chercher des armes. Ici les lutteurs de la parole, en temps d’élections, trouvent tout ce qu’ils veulent pour accuser et s’excuser. C’est un pandémonium légal. Ces volumes s’appellent « statuts » et « journaux ». C’est le recueil de la sagesse ou de l’ingéniosité de nos législateurs. Toute leur pensée est là. Le difficile, c’est de l’y découvrir. Là se trouve le droit de créer et de détruire, de me vendre et de vous acheter ; d’em-