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UN RÊVE

mêmes, et je prêtai l’oreille. Mais alors, une voix montant aussi des profondeurs de l’antiquité, se fit entendre pleine d’avertissements. C’était la voix de Bias, un autre sage ; de Bias qui croyait à un Dieu unique, mais ne voulait pas que l’homme raisonnât sur l’essence de Dieu ; de Bias qui, après le siège de Priène par Cyrus, alors que les vaincus se retiraient avec le butin qu’ils pouvaient porter, sortit de la ville les mains vides, disant qu’il emportait tout.

Or, la voix de ce philosophe répliqua :

— Avec ses amis il faut agir comme s’ils devaient être un jour nos ennemis.

Et d’autres voix, éveillées par les premières de leur silence profond, montèrent de tous ces livres anciens pour m’instruire et me guider. C’était Confucius, le grand législateur de la Chine, qui disait :

— Avertissez avec douceur votre ami qui s’égare. Si vos soins sont inutiles, ne vous rendez pas ridicules par une vaine importunité.