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UN RÊVE

fonds saluts. Il souriait à tout le monde, et tout le monde paraissait l’aimer. Il ouvrit une porte rouge et, me poussant dans une pièce immense, il me dit en riant :

— Poète, voilà tes amis désormais.

La pièce, c’était une bibliothèque, les amis, c’étaient des livres. Un trouble singulier s’empara de moi, et j’étais ému jusqu’aux larmes. Il me semblait que tous les livres étalés sur les rayons bordés d’une dentelle rouge, me regardaient avec curiosité et m’interrogeaient. Je ne pouvais surmonter ma timidité naturelle, et j’allais implorer le secours de mon bienfaiteur, quand un bouquin ridé, poussiéreux, s’ouvrit de lui-même et me fit lire, sur ses pages jaunies, ces paroles remplies de sagesse :

— Choisis pour ton ami l’homme que tu connais le plus vertueux, ne résiste point à la douceur de ses conseils, et suis ses utiles exemples.

C’était Pythagore qui parlait ainsi ;