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LE SPECTRE DE BABYLAS

— Et votre peine est éternelle ?

— Éternelle comme Dieu !

— Et toujours la même ?

— Pas pour tous les damnés… Elle peut s’adoucir, mais elle ne finira jamais.

— Les flammes qui vous consument sont-elles plus ardentes que les bûchers allumés par les hommes ?

Il se prit à rire sinistrement, et il dit ;

— Sur la terre, il y a des flammes de toutes sortes, et les plus redoutables sont les flammes allumées par les passions. Il en est de même ici. On brûle de haine, on brûle d’envie, on brûle d’amour … C’est le feu de l’amour qui est le plus dévorant. Les damnés entrevoient Dieu en mourant et se prennent à l’aimer à cause de sa beauté. Dieu les repousse de devant sa face. Sa sainteté ne peut souffrir leurs embrassements impurs. Alors la jalousie et le désespoir se mêlent à l’amour, et le supplice devient indicible. N’est-ce pas ainsi que les choses se passent sur la terre ? Combien de malheureux dédaignés se consument au feu