Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/557

Cette page a été validée par deux contributeurs.
515
PATRIOTISME

Ah ! si les patriotes avaient eu des armes, s’ils avaient eu des chefs, s’ils avaient eu, surtout, la permission de se faire tuer pour une cause grande et sainte, la victoire de Saint-Denis n’aurait été que le prélude d’une série de victoires, et les héros qui sont montés sur l’échafaud auraient été portés en triomphe sur les épaules de leurs concitoyens !

Pleins d’espoir, grisés par le succès, nos valeureux soldats voulurent poursuivre leur marche glorieuse. Ils se dirigèrent vers Saint-Charles. Ici les attendait un douloureux échec. Ils furent écrasés par le nombre.

Les champs désolés burent lentement le sang de nos braves. L’heure de la délivrance n’était pas encore sonnée. Cependant le sang versé fut comme une semence mystérieuse, où germèrent des espérances nouvelles et des idées généreuses. Les patriotes que la mitraille avait épargnés regagnèrent tristement leurs foyers.