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PATRIOTISME

autant que de revenir pour être témoin du triomphe de son vieux rival.

Alors Marcel, soldat dans l’armée des patriotes, à Saint-Denis, reçut une lettre un peu mystérieuse.

— Mon cher Marcel, disait cette lettre, moi aussi je suis capable de sacrifices. Tu m’as appris comment il fallait aimer son pays… Tu l’aimes jusqu’à la mort sur le champ de bataille, moi je l’aime jusqu’au martyre pendant toute la vie… Dans quelques jours je t’enverrai autant d’argent que tu en voudras pour acheter des armes… Dieu et patrie !

Héloïse.

Des armes ! murmura Marcel, et un souffle d’enthousiasme l’emporta un instant loin de la froide et triste réalité. Il vit apparaître devant ses yeux éblouis, comme un rideau mouvant, une file ondoyante de fusils meurtriers et d’étincelantes baïonnettes. La surprise et la joie allaient être grandes parmi les soldats,