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PATRIOTISME

Elle avait été recherchée déjà par un citoyen du village, Augustin Lefouré, un veuf passablement cossu, très orgueilleux de ses écus, mais très désolé du poids de ses années. Elle avait préféré la solide jeunesse de Marcel. Et maintenant, voilà qu’un dimanche soir, Marcel se rendait auprès d’elle, profondément ému et l’âme remplie de tristesse.

Quand il entra, elle vit bien ce bouleversement inaccoutumé et elle se sentit douloureusement atteinte elle-même. Le pressentiment d’une amère angoisse la rendit muette, et elle tendit à son ami une main tremblante. Le père Dubien, qui était bureaucrate sans savoir pourquoi, et gouailleur par tempérament, lui cria, dès qu’il le vit entrer :

— Viens-tu nous faire tes adieux, Marcel ?

— Oui, monsieur Dubien, répondit le jeune homme, d’une voix qu’il s’efforçait de rendre ferme.

— Non, répliqua Héloïse, suppliante.