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PATRIOTISME

bat point, il pousse les autres à se battre.

— Et tu crois que c’est une besogne facile que de décider des hommes à lever la tête, à revendiquer leurs droits, et s’il le faut, à mourir pour la liberté… surtout quand ces hommes sont des Canadiens français ?

— Nous sommes soumis ; c’est une belle vertu que la soumission, paraît-il.

— Nous sommes à quatre pattes ; c’est une position un peu humiliante.

— Les Canadiens, observa un autre, ça laisse les ordures s’amasser longtemps, mais une fois décidés, ça balaie net.

— Mais, rétorqua le grand mince, si on va à la guerre pour mourir, ceux qui nous tuent restent les maîtres.

— T’imagines-tu, clama Marcel, que celui qui fait d’avance le sacrifice de sa vie, se tient les bras croisés en face des canons ? C’est celui-là qui frappe le plus juste, et qui le plus sûrement jette l’épouvante dans les rangs ennemis…