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LE SPECTRE DE BABYLAS

le foyer, et elle paraissait rouge de sang maintenant. Je sentis un accès de colère me monter au cerveau. Je saisis ma hache et me mis à frapper de grands coups sur la pierre plate qui formait le fond de la cheminée. Je n’entendis pas résonner la pierre, mais j’entendis des cris épouvantables, comme doivent en pousser les malheureux qu’on assassine. Je ne me laissai pas effrayer. Une espèce de fureur me possédait et je ne craignais ni Dieu ni diable.

La pierre se fendit, et j’en tirai les morceaux avec ma pioche. C’est-à-dire que j’en tirai un morceau ; les autres tombèrent dans une cavité noire, étroite, horrible. Qu’y avait-il là ? Je ne pouvais voir. Une clameur stridente monte de ce cachot obscur ; j’entends un cliquetis d’ossements secs qui paraissent se chercher et s’unir ; puis un spectre blanc, petit comme un rachitique, avec des trous noirs à la place des yeux, du nez et de la bouche, m’apparaît tout à coup. Je recule d’épouvante.