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PATRIOTISME

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En mil huit cent trente-sept, à l’époque des foins, le vieux Gédéon Poudrier revenait de l’église avec sa bonne femme dans une « petite charrette » aux ressorts de frêne. On ne se berçait pas sur d’élastiques lames d’acier en ce temps-là, et les carosses luisants qui promènent, de nos jours, tant de misères en toilette, ne soulevaient pas souvent la poussière de nos chemins. En retour, l’on dînait bien et l’on payait bonne dîme au curé.

Le père Poudrier se tourna vers sa vieille :

— Dis donc, Mélonne, — elle s’appelait Mélonne, la mère Poudrier — dis donc Mélonne, as-tu compris les remarques de monsieur le curé à propos de Papineau ? J’ai l’oreille dure, moi, et je n’ai pas bien saisi.

— Il nous a conseillé de rester tranquilles, répondit-elle un peu sèchement.

Le bonhomme répliqua par deux petits