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FONTAINE VS. BOISVERT

juge. Tout le mal a été pour moi, car les os sont proches et la jupe est mince. Au reste, elle m’avait provoqué. Voyez, je porte des marques, moi. Mon oreille est à moitié déchirée… Elle a failli me tuer avec une pierre… Je ne me suis pas vengé, j’ai voulu la rendre ridicule, rien de plus.

— Je vais garder la cause en délibéré, déclara le juge de paix.

« Pendant que je réfléchirai, pensez bien, vous autres aussi… Pensez que vous êtes des voisins, que vous êtes d’anciens amis, que vous êtes des chrétiens. Vous devez donc user de bonté les uns envers les autres. Le bonheur de vos familles dépend de votre bienveillance et de votre accord. »

Quand la foule fut dispersée, les plaideurs sortirent. Boisvert fils passa près de Fontaine.

— Je pense que le juge de paix a raison, dit-il, nous ferions mieux de vivre dans l’accord et l’amitié.