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FONTAINE VS. BOISVERT

N’importe, Étienne Biron venait d’être nommé juge de paix. La « Gazette officielle » avait publié son nom suivi d’un flamboyant « Écuyer » ; et lui, d’heure en heure, pendant une longue soirée, il avait lu la miroitante petite prose qui le bombardait grand homme dans sa paroisse. Et quand il s’était endormi, tard dans la nuit à cause des émotions, sa femme, un peu dans le ravissement aussi, l’avait entendu murmurer à différentes reprises, doucement, mollement, et avec des intervalles de plus en plus longs : « juge de paix… juge… écuyer… écu… »

Il était tout de même un homme de bon sens et un excellent chrétien. Si, ce soir-là, il s’est endormi un peu grisé par les fumées de la gloriole, le bon Dieu, j’en suis sûr, ne lui a pas gardé rancune.

* * *

À quelque temps de là, Joseph Boisvert se rendit chez le voisin du nord-est, Moïse Fontaine, pour lui demander, de la part de