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LE MARTEAU DU JONGLEUR

les yeux mourants du Manitou crucifié versent des pleurs !…

Le marteau de pierre frappait toujours !…

— Matchounon, reprit encore Onaïda, regarde, des gouttes de sang tombent des mains et des pieds du Manitou malheureux, retiens donc le bras de mon père !…

Et le marteau de pierre frappait toujours !

Matchounon, dit de nouveau la douce vierge de la forêt, il y a du sang sur tes mains, et ce n’est pas le sang d’un ennemi.

Il y a du sang sur tes mains !… et jamais elles ne joueront dans les cheveux de celle qui devait être ta femme !…

Son œil s’était allumé, sa voix vibrait comme un fil d’acier.

Le Jongleur avait fini son œuvre diabolique, et les échos plaintifs des rocs sourcilleux ne se taisaient point.

Les chasseurs étaient rentrés dans leurs cabanes, et toujours ils entendaient les