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LE MARTEAU DU JONGLEUR

Un grondement nouveau, plus terrible encore que l’autre, ébranla le wigwam et se répercuta au loin.

Le jongleur prit le crucifix des mains de Matchounon et dit : — Venez ! Suivez-moi ! Emportez des pointes dures et un marteau de pierre.

Tous se levèrent et sortirent après lui.

À travers les rameaux dénudés des merisiers rouges et des bouleaux blancs, le soleil laissait tomber, sur la neige immaculée, des gerbes de lumière ; mais par-ci par-là des sapins touffus jetaient, dans cette éblouissante clarté, de larges taches d’ombre.

Les femmes suivaient aussi.

Matchounon s’approcha de la fille du Jongleur, sa bien-aimée, et lui dit :

— C’est à ce prix que nous serons unis comme le lac s’unit à la rivière.

— Matchounon, repartit la naïve indienne, mon cœur tremble comme la première feuille à la première brise… je ne sais pas ce que j’éprouve… C’est comme