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LE MARTEAU DU JONGLEUR

époux parmi les guerriers qui n’avaient pas encore attaché de chevelure à la ceinture de leurs reins.

Le fils du Sagamo descendit vers la rivière Batiscan, et longtemps il en suivit le cours accidenté. Elle serpentait, comme une route plane et blanche, à travers des escarpements grisâtres, dans une solitude désolée. De place en place, un rapide où les panaches d’écume brillaient comme des flocons de neige au soleil, troublait l’éternel silence de la forêt, par un grondement éternel.

Il marchait, et ses raquettes légères, semblables à d’immenses feuilles ovales, laissaient derrière lui, sur le blanc tapis de neige, l’empreinte assombrie de leurs mailles fines.

Toute une journée il suivit la rivière, puis il s’enfonça dans un ravin, sinueux, au pied d’une montagne couverte d’arbres nus.

Il se dirigeait sur Kébec.

Un missionnaire, le père Brébeuf,