Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/451

Cette page a été validée par deux contributeurs.
417
FANTÔME

— Il reviendra, affirmait Mathias, ne vous découragez point…

Le temps de régler certaines affaires importantes… Vous le reverrez, bien sûr… Il m’a prié de vous embrasser tous, et de vous dire de vivre sans inquiétude…

— Et nous autres qui comptions l’avoir à notre petite fête du foulage ! s’écria la mère Duvallon, en s’essuyant les yeux avec le coin de son tablier.

* * *

En ce temps-là la vie des champs était plus rude qu’aujourd’hui, mais elle était plus belle. Les rapports entre les voisins étaient plus intimes ; les mœurs avaient encore quelque chose de patriarcal. La paroisse était une grande famille tenant feu et lieu un peu partout, à la « grand’côte » et dans les « concessions, » sous l’œil du curé et des vieillards.

L’industrie dormait. La machine n’avait pas remplacé les bras et la corvée flo-