Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/442

Cette page a été validée par deux contributeurs.
408
LA CROIX DE SANG

du chasseur a touchée, Brin-d’herbe repousse le chef insolent et se précipite dans la rivière.

Le bruit de sa chute n’éveilla pas d’échos, mais le chef poussa un cri rauque, féroce, désespéré, et lança son couteau de guerre vers l’endroit où venait de tomber la jeune fugitive.

Un léger cri de douleur répondit. Ce fut tout.

L’obscurité était profonde sous les arbres, et toute poursuite devenait inutile.

Le camp des Iroquois, un moment troublé, rentra dans un silence terrifiant.

Le matin, quand la lumière se répandit tiède et claire sur la rivière et sur le feuillage, le chef sourit en regardant les eaux devenues lourdes et immobiles, comme un couvercle bien cloué sur la face de sa victime. Mais quand il regarda les herbes et les plantes qui s’épanouissaient sur la berge, il vit luire des gouttes de sang, et ces gouttes faisaient une ligne rouge sur un tapis vert. Alors il s’é-