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LA CROIX DE SANG

pirogues. Peut-être craignaient-ils quelque surprise. Peut-être aussi songeaient-ils au plaisir qu’allait procurer à la tribu la torture des prisonniers. Quand les derniers feux du soir se furent éteints sur la cime bleue des montagnes, et que les nuages, tout à l’heure bordés de pourpre ou frangés d’or, furent devenus semblables à des rochers sombres qui dentelaient l’horizon, ils s’approchèrent de la rive pour chercher un abri. Une rivière étroite et profonde coulait entourée de gracieuses collines, au fond d’une baie. Ils s’arrêtèrent à son embouchure. C’était la petite rivière du Chêne.

Les prisonniers furent attachés, à quelque distance les uns des autres, au tronc des arbres qui ombrageaient la grève.

Or, parmi ces prisonniers se trouvait une jeune fille. Ses cheveux en désordre et souillés de sang, son vêtement déchiré, des blessures cuisantes, indiquaient assez la lutte désespérée qu’elle avait