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LA CROIX DE SANG

jestueusement jusqu’à la cime. L’eau dormait profonde et noire dans le demi-cercle formé par l’enfoncement du tuf grisâtre.

Sans effaroucher les oiseaux qui saluaient le matin ; sans rompre, sous leurs pieds, les branches sèches dont les craquements pouvaient trahir ; sans prononcer une parole, car le souffle venu du large aurait pu la porter à l’oreille des ennemis, les Iroquois montèrent à la file, courbés sur la mousse, glissant sous les rameaux épais, attentifs, recueillant tous les murmures, fouillant d’un œil ardent les alcôves sombres ou les clairières ensoleillées, le tomahawk à la main, le couteau à la ceinture, la soif du sang à la bouche.

Ils arrivèrent sur le sommet.

Devant eux alors le sol descendait, par une pente longue et douce, vers un autre point du rivage. Ils firent quelques pas et s’arrêtèrent. Le soleil, sortant d’une buée molle et laiteuse, inonda tout à coup