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LE RÉVEILLON

Sa lumière se mit à pleuvoir en paillettes d’argent sur la terre qui allait être sauvée, et le clocher recommença plus joyeusement son hymne de gloire. Seulement, il n’était plus devant moi, faisant de sa flèche argentée une trouée claire dans le ciel sombre ; il était derrière moi maintenant, et un bouquet de bois planté dru nous séparait, tel un rideau lourdement tombé.

J’avais pris, à une fourche de chemin, la route qui conduisait au bois, et j’étais entré dans l’abatis de l’automne. L’étoile, subitement apparue, éclaira les grands arbres. Les uns étaient debout comme des pyramides, les autres étaient couchés dans leur draperie de rameaux, ou nus comme des cadavres dépouillés. Sa lueur pénétrante descendit sur la mousse verte du merisier, et l’écorce blanche du bouleau ; elle joua parmi les branches entassées pour le feu du printemps. Sur tout cela l’hiver avait laissé tomber des flocons de neige qui semblaient des colombes,