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LE RÉVEILLON

se fit soudainement ténébreuse. La cloche ne sonnait plus sa prière rythmée. La neige ne craquait plus sous mes souliers durs. Le verglas ne jetait plus de lueurs d’acier. Un frisson parcourut mon être. Des grelots agitèrent, dans l’éloignement, leur sonnerie gaie, et je me sentis aise de n’être pas seul sur la route. Mais après m’avoir effleuré du bout de l’aile, la chanson des grelots mourut dans l’épaisse obscurité des alentours, comme les étoiles dans les effrayants lointains.

J’étais égaré.

Je me vis enveloppé de noir, et la neige qui s’étendait partout, n’avait plus de reflets et paraissait une mer sombre. « Étoile des mages, m’écriai-je éploré, perce le voile affreux qui me dérobe le ciel, et conduis-moi vers l’Enfant-Dieu que je veux adorer !  »

Ô surprise ! ô bonheur ! À peine le Seigneur a-t-il entendu ma prière qu’il fait paraître, au milieu des airs enténébrés, une étoile radieuse, grande comme la lune.